Une présidence politique, visionnaire et entreprenante

En 2006, lorsque Michel CARON prend la présidence de l’ALEFPA, elle a été refondée par André Henry après une période de turbulences importantes.
La crise surmontée, l’ALEFPA a pu se projeter dans un avenir lui permettant de trouver, et retrouver, sa place dans le concert des associations du secteur social et médico-social. Il a fallu également engager la rénovation de la gouvernance et du management ce que André Henry, aidé par Michel CARON son vice-président, et d’autres administrateurs dévoués, ont lancé avec confiance, courage et persévérance.
Michel CARON a pu, durant les 17 années de sa présidence, renforcer le positionnement politique de l’ALEFPA, développer ses capacités visionnaires et encourager l’esprit d’entreprise.

Une tradition politique

Lorsque l’ALEFPA est née en 1959, elle était issue d’une vision politique ambitieuse qui avait pour objectif d’apporter, déjà aux enfants les plus fragiles, la possibilité d’une véritable inclusion dans la société. L’engagement politique et syndical des fondateurs de l’ALEFPA est à l’origine de la création de l’association. Fondée sur cette phrase de Jean Zay qui disait : « Parmi toutes les inégalités qui souillent la société, il n’en n’est pas de plus affreuses que celles qui atteignent l’enfant » lui qui « représente l’espoir », le constat d’un manque et de la nécessité d’inventer et de créer les conditions d’une amélioration de ces prises en charge.
Cette vision sociétale et politique a été, de manière continue, le ferment de l’action de l’ALEFPA. Michel CARON, quand il prend la présidence de l’association en 2006, est déjà depuis 2001, à la vice-présidence d’André Henry.
Durant sa présidence, Michel CARON a toujours porté l’ALEFPA selon une dimension politique.

Sa propre expérience dans ce domaine, ajoutée à la pertinence de ses analyses du contexte politique, lui ont permis de conforter la stature de l'ALEFPA. Il l’a également, avec persévérance, engagée depuis de nombreuses années dans une dimension internationale en développant des projets de coopération notamment dans l’océan indien (Seychelles, Ile Maurice, Madagascar ou Rodrigues). Il a aussi largement milité pour que l’ALEFPA se positionne à Mayotte où elle est devenue, grâce à son action, un acteur important du secteur médico-social.
Cela s’est traduit par ses nombreuses prises de position publiques mais aussi par sa participation active, à titre personnel ou au nom de l’ALEFPA, aux fédérations de nos secteurs d’activité, ce qui a donné à notre association, une belle audience politique.
Nous rappellerons ici le rapport qu’il a produit, « les enfants de l’exil », qui fait référence pour la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA). Dans son rapport, empreint de ses valeurs humanistes et après une enquête largement menée auprès des associations et professionnels au niveau national, il a pu faire 50 propositions pour améliorer la prise en charge auprès de ces enfants qui sont une richesse pour la France.
Michel CARON a été le seul élu, à la fois vice-président de Nexem, de la Fehap et administrateur de la CNAPE.

Par ces mandats, il a pu porter son message politique au niveau national mais aussi au sein du secteur associatif laïc par la présidence de l’UNALG, et au niveau régional par sa participation au conseil de développement de la Métropole Européenne de Lille et de la CRESS Hauts de France, au titre de l’ESPER.
Sur l’ensemble des territoires d’implantation de l’ALEFPA, il a porté cette tradition politique de l’ALEFPA au sens où la politique a pour vocation d’améliorer la vie des plus fragiles, de leur ouvrir grand les portes de l’inclusion pour que chacun puisse être auteur et acteur de sa vie.
Une capacité visionnaire
Le président Michel CARON a toujours porté un regard à long terme et a proposé des visions claires sur l’avenir de la prise en charge des publics accompagnés par l’ALEFPA et par les autres acteurs du secteur. Il voyait ce qu’il fallait faire et quelles synergies à organiser pour améliorer la situation des personnes vulnérables, enfants, adultes et aujourd’hui personnes âgées.
Durant de nombreuses années, il a milité pour un rapprochement des secteurs du social-médico-social et de l’aide à domicile. Partant du principe que l’avenir est à l’autodétermination et à la liberté de chacun de vivre dans son chez soi, il a défendu cette idée que, ce sont les structures qui doivent s’adapter au besoin de la personne et non l’inverse. Il a également soutenu ceux dont l’idée est qu’il faut travailler en simultanée, le logement, la santé et l’insertion des personnes vulnérables. Comme une marguerite autour d’un cœur qui serait la personne, les institutions doivent proposer des services adaptés.
C’est dans ce cadre qu’il a aussi soutenu l’idée du développement des activités de logements à destination des personnes âgées ou handicapées. Ce pôle, aujourd’hui représente à l’ALEFPA un EHPAD, près de 700 logements en projets dans des résidences autonomie, de l’habitat inclusif.

Concernant l’insertion par l’activité économique, Michel CARON a voulu que soit portée une attention particulière à ces sujets qu’ils concernent les jeunes avec la mise en place de formations professionnelles, sujet pour lequel, son expérience à l’AFPA lui a apporté une vision claire. Il a aussi voulu que l’on apporte aux personnes vulnérables, la possibilité de travailler, dans le cadre d’ESAT, d’EA, d’ACI ou d’EI. Il a souvent eu un regard positif sur les projets de retour à l’emploi et de création d’entités à l’interaction entre le médico-social, le social et l’entreprise.
Michel CARON est conscient qu’une véritable inclusion des publics accompagnés passe, aussi, par l’accès aux loisirs et notamment aux vacances. Il a donc souhaité que l’ALEFPA reprenne en gestion les chèques vacances de l’ANCV, créés par André HENRY, son prédecésseur, alors Ministre du Temps Libre. Par cette activité fonctionnant autour d’un réseau de correspondants national et performant sont distribués plus de 600 000 € de chèques vacances chaque année.

La capacité visionnaire de Michel CARON s’est traduite également dans ses mandats cités plus haut puisqu’il a piloté un travail en commun entre NEXEM et l’UNA, la fédération des aides à domicile et il a également été vice-président de Nexem en charge de l’innovation.
De même, dans le domaine de l’organisation de l’ALEFPA il a permis son évolution en adhérant au concept « d’association des territoires », concept qui donne toute sa place à chaque région d’implantation de l’ALEFPA, que ce soit au niveau politique ou managérial. Il a ainsi permis la création des sept Directions Territoriales qui aujourd’hui structurent l’association.

Par ses exigences vis-à-vis de ses collaborateurs, par sa capacité à « tenir bon » coûte que coûte, il a entrainé l’association dans une évolution marquante des modes de prise en charge et de management.
L’ALEFPA, dans ses développements, a pu bénéficier de cette capacité visionnaire.

Une association entreprenante

L’ALEFPA, depuis son origine, a su se montrer entreprenante. Ainsi, par exemple, la reprise, en 1969, de l’établissement d’OSSEJA représentait un challenge très important pour une association lilloise qui, ainsi, doublait sa taille.
Michel CARON est un homme entreprenant.
Il s’est inscrit dans cette tradition d’association entreprenante et l’a non seulement confortée mais aussi développée.
Si l’on devait caractériser la présidence de Michel CARON en 3 chiffres, on pourrait dire que l’ALEFPA est passée de 1367 salariés en 2000 à près de 4000 en juin 2023, que le nombre de personnes accompagnées de 3200 à plus de 15000 et les produits d’exploitation de 66 à 240 M€.
Ces chiffres pourraient utilement être complétés par une approche par publics puisque l’association, en 2000 était essentiellement orientée vers l’enfant alors qu’aujourd’hui, elle embrasse des publics bien plus étendus depuis les enfants, les adultes, jusqu’aux personnes âgées. C’est aussi un large panel d’offres de services qui font de l’ALEFPA un opérateur diversifié territorialement mais aussi en matière de services rendus.
Michel CARON a fortifié l’ALEFPA en permettant un développement plus large sur les territoires dans lesquels elle était déjà implantée (par exemple dans les Hauts de France, le nombre de salariés y a triplé sous sa présidence), mais aussi sur de nouveaux territoires (Vendée, Gironde, Mayotte, Pyrénées-Atlantiques, etc.).
Parmi les actions les plus remarquables, on citera, par exemple, l’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales, violences de genre, et la prise en charge des auteurs pour éviter les récidives. Le savoir-faire, hérité de l’association Rosannie Soleil à la Martinique, a été sécurisé, renforcé et partagé sur d’autres territoires de l’ALEFPA.
C’est l’idée de Michel CARON qu’une bonne idée doit pouvoir être déployée sur l’ensemble des territoires de l’association. La force de l’ALEFPA est là, partager les bonnes pratiques et encourager ce que l’on pourrait appeler « l’intraprenariat », c’est-à-dire la capacité d’entreprendre au sein de l’ALEFPA.
Depuis quelques années, Michel CARON a encouragé le développement, à La Réunion, d’un grand projet agricole qui s’est traduit, notamment par la capacité de créer une pépinière de vanille et un atelier chantier d’insertion autour des métiers agricoles. Avec une grande ambition, il a voulu que l’ALEFPA s’engage dans cette voie, à la fois développement durable, économique et sociale.

A quelques mois de son départ de la présidence, confiant dans la vision d’une convergence entre les secteurs médico-social, social et l’aide à domicile, il a engagé l’ALEFPA dans le projet de reprise des activités Korbey d’Or à La Réunion. Cette structure de plus de 600 salariés constitue une avancée forte dans la prise en charge et l’accompagnement des personnes fragiles à domicile. Conscient de l’importance de ce dossier, il s’y est impliqué personnellement avec les administrateurs réunionnais de l’ALEFPA pour que notre association soit retenue. Il s’est ensuite rendu sur place, pour y rappeler la vision politique et stratégique ayant guidé cet engagement.

Olivier BARON
Directeur Général de l'ALEFPA